Santé mentale et production d'expérience
Une réflexion sur les déterminants de la posture professionnelle dans le travail social
Paru dans : Les cahiers du changement, n°6, 2001 Franck Martini - Psychosociologue – Expert CHSCT CATEIS – f.martini@cateis.fr Introduction Cette contribution va permettre d’exposer quelques hypothèses sur la production d’expérience, les enjeux de santé mentale et le lien à l’organisation. Elle va ébaucher quelques pistes, tenter d’éclairer quelques processus. Elle n’a pas pour prétention de démontrer, mais d’apporter des éléments à la réflexion. Nous allons, en guise d’initiation de cette réflexion nous appuyer sur un travail réalisé dans le cadre d’une étude sur la professionnalité des assistantes sociales intégrant la question des affects et de leur gestion. Dans cette recherche menée par N.Boronat (1) la dimension subjective, et les affects, sont mis en lien avec les données structurant l’activité dans une prise en compte dynamique des échanges au sein des systèmes de travail. Soulignons que l’on est à un moment de redéfinition de l’identité des assistantes sociales, cela rendant peut-être plus cruciaux les débats autour du métier. On a vu, avec les infirmiers psychiatres, combien la capacité, ou l’incapacité de mettre en mots les spécificités d’une professionnalité pouvaient avoir de conséquences. La situation dans laquelle sont prises les assistantes sociales peut se formuler comme une limitation des possibles dans l’élaboration de l’expérience. Elles sont littéralement écartelées entre la demande protéiforme du public et les orientations et les exigences de la sphère technique, exigences ellesmêmes structurées par les contraintes et les attentes du politique. Cette tension est particulièrement intéressante à observer car elle vient délimiter l’espace dans lequel peuvent se jouer les postures professionnelles des assistantes sociales. Elle peut se comparer à une situation où l’on devrait lier deux syntaxes, deux langages, ou deux