Sartre, la conscience

789 mots 4 pages
La conscience et le monde sont donnés d'un même coup: extérieur par essence à la conscience, le monde est, par essence, relatif à elle... Vous saviez bien que l'arbre n'était pas vous, que vous ne pouviez pas le faire entrer dans vos estomacs sombres et que la connaissance ne pouvait pas, sans malhonnêteté, se comparer à la possession. Du même coup, la conscience s'est purifiée, elle est claire comme un grand vent, il n'y a plus rien en elle, sauf un mouvement pour se fuir, un glissement hors de soi; si, par impossible, vous entriez « dans » une conscience, vous seriez saisi par un tourbillon et rejeté au-dehors, près de l'arbre, en pleine poussière, car la conscience n'a pas de « dedans » ; elle n'est rien que le dehors d'elle-même et c'est cette fuite absolue, ce refus d'être substance, qui la constituent comme une conscience. Imaginez à présent une suite liée d'éclatements qui nous arrachent à nous-mêmes, qui ne laissent même pas à un « nous-mêmes » le loisir de se former derrière eux, mais qui nous jettent au contraire au-delà d'eux, dans la poussière sèche du monde, sur la terre rude, parmi les choses ; imaginez que nous sommes ainsi rejetés, 25 délaissés par notre nature même dans un monde indifférent, hostile et rétif; vous aurez saisi le sens profond de la découverte que Husserl exprime dans cette fameuse phrase : « Toute conscience est conscience de quelque chose".

JP Sartre définit la conscience comme une forme insaisissable, vacillante, mais irréductiblement dirigée vers l’ailleurs. Elle est dirigée suivant le principe moteur de l’intentionnalité. Mais cette forme vague qui cherche à se repaître de l’Autre, qui cherche à prendre existence à travers la connaissance de l’ailleurs, est confrontée à une résistance extrême ! imperméabilité des substances les unes aux autres.
La conscience est ainsi réduite à errer dans un no man’s land sans prises. Car, comble du comble, la conscience est également imperméable à elle-même. Et c’est sur ce point

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