Sartre
"Pas besoin de gril : l'Enfer, c'est les Autres."
Sartre nous décrit dans Huis Clos sa propre vision de l'enfer, résumée toute entière dans cette sentence de Garcin.
Imaginez passer l'éternité entouré de deux personnes, au demeurant inconnues, vous faisant prendre conscience de vos actes, vous retranchant derrières vos dernières défenses, vous poussant au suicide, acte impossible évidemment. Tour à tour vous tentez de faire de l'un d'eux un allié, en vain. Impossible aussi de les dresser l'un contre l'autre, car vous êtes destinés à perpetuellement vous déchirer. Un supplice pire que "cent morsures, le fouet, le vitriol".
Il y a de quoi perdre sa foi en l'humanité..
Mais pourtant, réfléchissez un instant.
Imaginez une toute autre vision de l'enfer, la même pièce, les mêmes canapés bordeaux et vert, le même bronze, mais plus que vous, et seulement vous.
Une éternitée en tête à tête avec votre conscience.
A ressasser vos moindres gestes passés, à regretter toute votre vie, chaque moment, à vous morfondre sur le geste inconsidéré qui vous a envoyé là.
Jusqu'à sans doute perdre l'usage de la parole, attendre en tremblant des pas, une voix, un cri, qui jamais ne viendront...
En venir à vous auto-mutiler en attendant la délivrance, hurler jusqu'au dernier souffle tant attendu.
En vain. On ne s'échappe pas de l'enfer. L'enfer, c'est vous même.
Et les Autres, une échappatoire.
Mononeuronale, profondément