Schumpeter
Gilles Paquet Faculté d’Administration Université d’Ottawa
1. Introduction 2. Démocratie: substance et forme 3. La démocratie en tant que méthode 4. Tests 5. Conclusion
Texte présenté au Colloque SCHUMPETER organisé par le Groupe de recherche et d’étude sur les transformations sociales et économiques [GRETSE] et l’Association d’économie politique [AEP] à l’Université de Montréal le 26 janvier 1990.
Les commentaires de Claude Galipeau et de Paul Laurent et l’aide de Marie Saumure ont été appréciés.
"For every complex and difficult issue, there is always an answer that is simple, easy and wrong". H.L. Mencken
1. Introduction Dans les années 30 et 40, il y a eu des débats intenses sur l’avenir du capitalisme et de la démocratie dans les pays occidentaux. L’émergence d’un régime économique planifié à l’Est et puis l’expérience de la Grande Dépression ont posé des questions fondamentales à ceux qui croyaient la démocratie libérale et le capitalisme incontournables. Ensuite, l’expansion dramatique de l’aire socialiste après la Seconde Guerre Mondiale et la multiplication de réalités socio-politiques bariolées, toutes baptisées "démocratiques", devaient relancer les débats. Ces débats ont produit entre autres choses une série de livres importants: Capitalism, Socialism and Democracy [1942] de Joseph Schumpeter, The Road to Serfdom [1944] de Friedrich Hayek, The Great Transformation [1944] de Karl Polanyi, et Democracy and Progress [1948] de David McCord Wright, pour n’en nommer que quelques-uns écrits par des économistes. Le plus ambitieux de ces écrits a sans doute été le livre de Schumpeter. Il propose inter alia rien de moins qu’une "autre théorie de la démocratie", une théorie de rechange susceptible de remplacer la théorie traditionnelle présumée caduque. Les travaux de Schumpeter, on le sait, sont souvent construits un peu en marge des sentiers battus et marqués par un certain éclectisme. Mais, les