Schumpeter
En mars 2013, Daniel Pinto, PDG de Stanhope Capital, était amené à s’exprimer sur l’entreprenariat en France et dans le monde, dans le cadre d’une émission sur France Culture: “les carnets de l’économie”. Cette intervention fait suite à la publication de son essai dont le sous-titre est : Comment nous avons été dépossédés de notre génie entrepreneurial. Dans cet ouvrage, l’auteur explique que ce génie “était fondé sur le triangle magique: entrepreneur-Etat-marchés”.
L’Etat était alors “accompagnateur” privilégié du secteur privé, et les marchés financiers assuraient exclusivement leur rôle allocatif. Il en vient ensuite à dresser un tableau de la situation actuelle: à ce triangle magique s’est substituée une logique dans laquelle la finance domine l’économie réelle, l’Etat ne pouvant plus assuré son rôle.
Il traite alors du dernier élément du triangle “déchu”: les entrepreneurs. En proie à la désorientation, ils ont été transformés en simple producteurs de chiffres conformément aux désirs de l’actionnariat. Ils perdent ainsi une grande partie du rôle qui leur était dévolu jusque-là.
Quel est ce rôle? D’où vient la place centrale que les modèles économiques attribue à l’entrepreneur?
On peut raisonnablement dire que Joseph Schumpeter, économiste autrichien de la première moitié du XXe siècle, est un des théoriciens majeurs de la place de l’entrepreneur dans l’économie et dans la croissance. L’entrepreneur apparait alors comme un homme de vision qui par son activité stimule et diffuse l’innovation technologique créant ainsi la croissance. Il est donc légitime de se demander dans quelle mesure le rôle de l’entrepreneur et le progrès technique, résultant directement des innovations, sont-ils un moteur de croissance économique et la cause de modifications profondes de la société ?
Nous verrons tout d’abord que innovation et entrepreneuriat sont des conditions nécessaires à la croissance, pour ensuite s’intéresser à l’impact de cette dernière