Science Politique Perrineau S8
Elle apparaît aux XVIIIe-XIXe siècles. Son sens a beaucoup changé, s’est reconfiguré, aujourd’hui l’opinion est essentiellement sondagière.
Cette notion d’opinion publique, depuis la fin du XVIIIe, est intimement associée à celle de démocratie électorale.
Mais l’idée d’opinion publique ne naît pas avec l’acte électoral, elle dépend largement de la philosophie des Lumières et désigne : une instance critique, qui communiquerait ses opinions et perceptions sur le monde, par l’écrit – le livre ; cette instance critique s’identifierait au public éclairé,
« l’opinion éclairée » (bourgeoisie lettrée, dans les Salons et Cafés littéraires : « l’espace public » selon Habermas)
Au fur et à mesure que le suffrage s’étend, passant du suffrage restreint au suffrage universel mixte, la notion d’opinion publique va très vite évoluer.
Pierre Bourdieu : « L’opinion publique n’existe pas », Les temps modernes, janvier 1973.
Selon lui, elle est « un artefact pur et simple dont la fonction est de dissimuler que l'état de l'opinion à un moment donné du temps est un système de forces, de tensions et qu'il n'est rien de plus inadéquat pour représenter l'état de l'opinion qu'un pourcentage » et il ajoute que « l'effet fondamental de l'enquête d'opinion [est de] constituer l'idée qu'il existe une opinion publique unanime, donc légitimer une politique et renforcer les rapports de force qui la fondent ou la rendent possible »
I. La notion d’opinion publique
Dominique Reynié, Le triomphe de l’opinion publique. L’espace public français du XVIe au XXe siècle, 1998.
Cette préoccupation de connaître l’opinion, l’état d’esprit des gouvernés n’a pas attendu le XVIIIe siècle : depuis la coupure gouvernant / gouverné, les gouvernants ont toujours cherché à connaître l’état d’esprit des gouvernés, via le recensement, l’envoi d’émissaires pour sonder la population…
Mais il faut que deux éléments s’imposent :
- La cristallisation de l’opinion publique,
- L’apparition de la notion