Science sans conscience
La conscience nous fait réfléchir sur nous-mêmes et nos actions. Ré-fléchir : fléchir sur soi, se replier sur son nombril, contempler sa propre subjectivité. Ce qui est indispensable.
La science, elle, se veut toute objective : elle cherche -et trouve- des explications universellement valables rendant le monde compréhensible. Ce qui est tout aussi indispensable, mais n’a rien à voir. D’un coté, ce qui fait l’unité d’une personne, son intégrité et son existence mêmes ; de l’autre, une connaissance et une maîtrise de l’ordre des choses, objectives.
Il faudrait unir ces deux partis qui règnent sur des territoires bien séparés. Il en va de notre existence concrète, morale, et politique : notre civilisation a fondé d’immenses espoirs sur le progrès scientifique, qui en a profité pour bondir. Nous voilà capables de multiplier par dix millions notre taux de radioactivité, et de bidouiller des gènes de façon à modeler l’essence des générations futures. Mais nous ne savons pas au nom de quoi. De Dieu ? Il est mort : depuis longtemps nous n’agissons plus au nom de sa volonté. Donc nous n’agissons plus qu’au nom de la science que nous avons divinisée, pour prétendre agir en tant que maître et possesseurs de la nature. Or l’exemple de l’industrie nucléaire montre que si l’homme est puissant grâce à la science, l’Homme est aussi fragile à cause d’elle : il est incapable de maîtriser sa propre maîtrise. Quelle conscience saura diriger ce formidable pouvoir ?
La science devait apporter paix et confort. Elle ne l’a pu : ses progressions