se mentir a soi meme ?
On dit souvent que certains hommes sont de mauvaise foi ou qu’ils se mentent à eux-mêmes. En effet, il apparaît clairement qu’ils ne peuvent pas ignorer que ce qu’ils disent ou font est contraire avec ce qu’on peut estimer qu’ils doivent savoir. Cependant, se mentir à soi-même semble une contradiction dans les termes car il faudrait que le menteur sache qu’il trompe pour qu’il y ait mensonge et ne sache pas qu’il est trompé. Dès lors, on peut se demander s’il est possible de se mentir à soi-même et comment. Est-ce en se détournant d’écouter sa conscience ? Est-ce parce que notre moi plonge dans un inconscient qui lui échappe ? Ou bien est-ce parce que notre conscience ne peut se saisir elle-même ? Mentir implique de tromper, ce qui signifie qu’on est conscient de le faire. C’est en ce sens que mentir n’est pas se tromper, c’est-à-dire être dans l’erreur. Or, il faut être le même et différent pour pouvoir se mentir à soi-même. En outre, il faut qu’il y ait un intérêt pour qu’on puisse parler de mensonge. En effet, l’auteur d’une fiction ne ment pas même s’il peut tromper un autre. Par contre, il se ment à lui-même s’il croit en sa fiction. C’est donc l’inconscience qui rend possible qu’on se mente à soi-même. Qu’est-ce à dire ?
L’inconscience c’est le refus de la réflexion, c’est-à-dire de l’interrogation de soi sur soi qui caractérise la conscience selon Alain dans ses Définitions. L’inconscient, c’est celui qui agit, parle ou “pense” sans se demander s’il a raison de le faire. Aussi énoncera-t-il sur lui un propos faux dont il ne peut pas ne pas savoir qu’il est faux – et c’est ce qui constitue le mensonge – parce qu’il va à l’encontre de l’image qu’il veut donner. La mauvaise foi est fille de l’orgueil. Et l’orgueil consiste à se croire ce qu’on n’est pas. Mais ne s’agit-il pas plutôt d’une simple erreur ?
En effet, la conscience ne trompe jamais selon le mot de la « Profession de foi du vicaire savoyard » de