Secteur informel
Jacques Charmes Directeur de recherche à l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD, Paris) Professeur à l'Université de Versailles Saint Quentin en Yvelines
Dès sa découverte par Keith Hart [1972] au Ghana et par le Bureau International au Kenya au début des années 1970, le concept d’emploi informel portait en lui-même les germes des débats ultérieurs qui n’ont cessé de se poursuivre depuis lors. Keith Hart faisait allusion aux opportunités de revenus informels alors que le Bureau International se référait dès l’origine aux entreprises informelles. C’est cette dernière conception qui devait l’emporter avec l’adoption d’une définition internationale du « secteur informel » en 1993. Mais le débat a rebondi aujourd’hui avec les discussions actuelles sur les concepts d’emploi informel et d’économie informelle qui ont été des thèmes centraux de la Conférence Internationale du Travail de Juin 2002 et ont fait l'objet de nouvelles définitions et recommandations lors de la dernière Conférence Internationale des Statisticiens du Travail en 2003. Après avoir rappelé les débats qui ont accompagné l’évolution des concepts de population active et d’emploi informel au cours des trois dernières décennies, nous rappellerons les méthodes d’enquêtes et de mesure du secteur informel, puis nous présenterons les principales estimations macro-économiques aujourd’hui disponibles de ces phénomènes. 1) L’invention du concept de « secteur informel ». Les concepts et définitions statistiques se forgent et se stabilisent généralement après que des débats théoriques aient ouvert la voie à des changements dans la perception des phénomènes socio-économiques. Depuis 1923, c’est la Conférence Internationale des Statisticiens du Travail qui, tous les 5 ans, et sous les auspices de l’Organisation Internationale du Travail, est en charge de la définition des concepts de population active et de leur