Seneque, les bienfaits
Objet du texte: ce texte concerne le problème de la vertu, de la morale et des liens entre morale et intérêt et plaisir. La question est de savoir si nous sommes capables de vouloir le Bien pour lui-même ou si c'est par intérêt que nous agissons conformément à la vertu et faisons notre devoir. Dans ce cas, le Bien ne vaut pas en lui-même, mais pour ses suites et il n'est qu'un moyen pour autre chose. Cette réflexion morale s'appuie sur l'analyse d'un acte bon: le don généreux et interroge donc sa gratuité. Ce qui permet d'associer ce texte aussi à la notion des échanges, même si l'enjeu reste la morale.
Thèse : Sénèque, philosophe stoïcien, qui soutient donc que l'homme se doit d'agir conformément à sa raison va soutenir la thèse suivante: si l'homme ne faisait le bien que pour ce que cela peut lui apporter en retour , comment expliquer l'existence incontestable d'actes moraux où rien ne peut être attendu en échange, où dès lors seul le Bien et le fait de l'avoir fait satisfait. Le Bien est le souverain bien et non la cause du souverain bien qui serait le bonheur, le plaisir, comme le défendent les épicuriens, contre qui ce texte Les bienfaits a été écrit. Contre lesquels, les stoïciens sont en guerre. «Vous croyez peut-être qu'il ne s'agit que d'une dispute de préséance ? ce débat touche au fond de la chose, et met en question son essence même. Elle n'est plus la vertu, si elle se résigne à marcher à la suite. A elle appartient le premier rôle : elle doit guider, commander, occuper la place d'honneur; et vous la réduisez à demander des ordres ! » écrit quelques lignes avant ce texte Sénèque.
Plan du texte:
⁃ lignes 1 à 6 : le texte s'ouvre sur l'analyse d'une hypothèse ( « si ») d'une morale utilitariste où le mobile de l'acte moral serait le calcul et l'intérêt. Un calcul qualifié de « vil » donc de non-conforme au Bien, à la morale, à la vertu. On peut ici retrouver l'opposition devenue classique entre vertu et intérêt, plaisir qui