Sentiment de compétence politique et intérêt pour la politique
« La politisation – définie comme attention accordée au fonctionnement du champ politique – dépend fondamentalement du degré auquel les agents sociaux ont le sentiment de se retrouver dans le déroulement des événements politiques, donc de leur trouver un sens. » Tel est le constat dressé par Daniel Gaxie dans son ouvrage « le cens caché » paru en 1978. L'auteur en remettant en question les préceptes démocratiques, va conduire une enquête sociologique sur la politisation qui va exclure l’idée d’une compétence universelle pour la politique, et démontrer ainsi que la politisation est soumise à des facteurs socioculturels qui altèrent considérablement le comportement électoral et la capacité à exprimer une opinion politique. Daniel Gaxie va donc mener une série d’enquêtes sociologiques à l’aide de sondages et de tableaux statistiques afin de dégager des variables déterminantes qui permettront d’expliquer ou d’éclaircir le phénomène « d’incompétence politique » ce qu’il baptise lui même « le cens caché ». En effet, ces variables déterminantes tels le sexe ou le niveau de diplôme, le milieu social définissent la disposition à s’intéresser aux événements politiques et de facto le niveau de compétence politique. Cette dernière est d’ailleurs comme le souligne Gaxie plus qu’une capacité, c’est une attribution c’est à dire une aptitude socialement reconnue et en quelques sorte réservée (auto exclusion), c’est une autorité. Ces mécanismes culturels favorisent la politisation des classes cultivées, la politisation étant la notion qui regroupe les deux éléments du sujet, « la compétence politique et la capacité à exprimer une opinion». L'analyse empirique et statistique de Gaxie est en conséquence conduite selon la problématique suivante : Quels sont les facteurs qui favorisent cette inégale politisation et quelles conséquences produit cette inégale politisation dans le champ politique ?