Shelley
L’humain et l’inhumain
Introduction
Où situer la rupture entre l’humain et l’inhumain. Est-ce une opposition entre ce qui relève de l’homme, envisagé à la fois comme espèce et comme individu, et ce qui lui est extérieur (le surhumain, le non humain, l’infrahumain) ou une scission qui traverserait l’homme, un divorce interne entre deux tendances irréductibles mais également constitutives de son être ?
Examinons tout d’abord les termes de la dualité.
L’humain c’est d’abord ce qui relève de l’homme en tant qu’espèce, le terme désigne les conduites les tendances, les comportements qui sont caractéristiques de l’espèce humaine. On pourrait par exemple citer le langage, le travail, la métaphysique, la morale etc. On opposerait à ce premier sens le non-humain, qui regrouperait l’ensemble des êtres et des faits qui ne relèvent pas de ces caractéristiques humaines. Au premier chef, l’animalité, mais aussi tout ce qui relève du mécanisme du monde des choses et de la matière. Dans ce sens l’adjectif et son contraire ont une valeur purement descriptive et ne comportent pas de jugement de valeur.
A l’humain, entendu en ce sens s’oppose aussi le surhumain, le monde des Dieux, que la pensée religieuse pose comme hétérogène par rapport à notre monde humain. C’est la division classique entre le profane d’une part, ce monde où les hommes naissent, travaillent, aiment et meurent et le monde sacré, monde essentiel, source de l’être. Selon les religion cette rupture de l’humain et du surhumain peut revêtir des contours différents. mais dans toutes les religions le sacré est marqué d’un certain nombre de tabous et d’interdits qui renforcent la rupture ontologique entre les hommes et les dieux.
Dans ces deux premiers sens, l’opposition entre humain et inhumain se résume donc à une rupture entre le monde humain