Si j’avais à soutenir le droit que nous avons à empoisonner la nourriture, voici ce que je dirais :
-au cours de l’histoire, nos sociétés ont subi des famines récurrentes. Les populations étaient incapables d’ajuster leur production à la multiplication de l’espèce : pas assez de terres cultivables, pas assez de rentabilité et pas assez de technicité.
-il fallait reproduire le miracle de la multiplication des pains.
-et puis, au diable le jeûne religieux, pensons un peu à ceux qui vivent pour manger, tel le Gargantua de Rabelais : il fallait faire en sorte de pouvoir manger de tout, à profusion, toute l’année !
-pas assez de terres cultivables dites- vous ? nous avons inventé les productions hors sol : nos légumes poussent désormais dans un mélange d’eau et d’engrais chimique.
-pas assez de pâturages ? voici les élevages en batterie. Poules, cochons, canards n’ont qu’à bien se tenir…
-coûts de production trop élevés ? Mais Lavoisier nous l’avait bien dit : rien ne se perd, rien ne crée, tout se transforme ! et voilà les farines animales pour nourrir nos herbivores préférés.
-pas le temps de cuisiner ? au royaume de l’opulence, le consommateur est roi : restaurants, plats cuisinés, à emporter, sous vide ou surgelés, en conserve… ou livraison à domicile.
-vous avez le temps mais ne savez pas cuisiner ? pas de problème, surfez sur internet ou sur la télécommande de votre télévision, on vous transmet tous les savoir faire de vos grands-mères, grâce aux fées électricité et nucléaire, radotages en moins !
-adieu famines, bonjour désastres sanitaires ! Creutzfeldt-Jacob, virus H1N1 et autres salmonelles, relancent la recherche scientifique. Nos laboratoires pharmaceutiques et journalistes de tous poils en font leurs choux gras.
-l’assiette devient le nouveau terrain de jeux des aventuriers modernes, plus ou moins avertis.
-et que dire du miracle de notre eau du robinet, maintes fois recyclée dans nos stations d’épuration !
-peu importe, on nous promet qu’un