Sigmund freud
Paul Ricœur le situe aux côtés de Karl Marx et de Friedrich Nietzsche comme l'un des trois grands « maîtres du soupçon »1, qui ont induit le doute dans la conception philosophique classique du sujet (Descartes, Kant, etc.). Outre les psychanalystes (fidèles à Freud comme Karl Abraham, Sandor Ferenczi ; les innovateurs comme Melanie Klein ; les dissidents comme Wilhelm Reich), son influence se fait aussi sentir sur l'ethnologie (Géza Róheim, l'ethnopsychanalyse), le marxisme (les tentatives de freudo-marxisme, Herbert Marcuse), les sciences politiques, la philosophie (Deleuze, Derrida), et même sur l'art (le surréalisme, André Breton2, la « méthode paranoïaque-critique » de Salvador Dali, etc.).
De nombreux documents sur la vie et l'œuvre de Freud, comme certains déposés à la Bibliothèque du Congrès à Washington, sont un certain temps restés inexploités. Longtemps, la plupart des ouvrages ayant fait suite à la biographie de Freud par Ernest Jones, devenue incontournable mais critiquée pour son aspect hagiographique, avaient le défaut d'être au service d'une démonstration de leur auteur : il s'agissait soit de prouver que Freud était le plus grand penseur de tous les temps, soit qu'il était un charlatan. Si l'historiographie critique, initiée par Henri Ellenberger3 et relayée par des auteurs plus polémistes comme Mikkel Borch-Jacobsen4, a finalement conduit à réviser l'histoire et la portée de l'œuvre de Freud, ce dernier n'en reste pas moins un des esprits les plus marquants et influents du xxe