Silence
« Feuillets d’hypnos »
* Plan :
* Introduction
I. Silence et parole II. Silence et écriture * silence de l’écriture ou écriture du silence III. Les stratégies du silence de l’écriture du Char * Les points de suspension * Les blancs
* Conclusion
-Introduction :
Écrire le silence signifie-t-il ne rien écrire, ou écrire sur le néant ? Ne révéler aucune vérité ou au contraire « dire » l'indicible et nommer l'innommable ?
Toute parole est issue du silence et y retourne. Le silence peut être considéré comme une opération consciente ou inconsciente, se manifestant dans un texte et référant directement à l’énonciation. Concept problématique par excellence, ne possédant pas de support concret sur le plan linguistique, il sera pris ici dans le sens d’une non réalisation d’un acte d’énonciation qui pourrait ou devrait avoir lieu dans une situation donnée. Cette situation qui est « l’ensemble de conditions psychologiques, sociales et historiques qui déterminent l’émission d’un énoncé à un moment donné du temps et en un lieu donné » (J.Dubois et al 1973) oblige le sujet à faite acte de parole.
Deux raisons peuvent être à la base d’un éventuel silence : l’impuissance et le refus. L’incapacité du sujet de satisfaire à la nécessité créée par la situation provient, en général, soit de l’insuffisance du langage, soit de l’aphasie. Le refus se fonde sur une révolte qui se dirige soit contre le discours social dont le sujet récuse l’usage stéréotypé, soit contre l’interlocuteur dont il décline l’offre de communication. Le refus de communiquer, dans un texte qui appelle par ses moyens à l’instauration d’un échange, constitue une décision d’une extrême gravité. Cet acte de la non- parole ou du non-mot qui produit un manque dans l’énoncé et un vide textuel qui est évidemment signe au même titre que la parole : on sait bien que e silence « parle », que son « éloquence » joue un