Simone de beauvoir, une femme libre
A. Ses écrits autobiographiques
Simone de Beauvoir naît dans une famille de la petite bourgeoisie parisienne désargentée, mais qui conserve ses valeurs traditionnelles. Le père, dont la morale était axée sur le culte de la famille exigeait des épouses la fidélité, des jeunes filles l’innocence mais consentait aux hommes de grandes libertés. La mère, pieuse, pensait que la femme devait obéir à l’homme. Sévère envers sa fille, c’est elle qui dirige sa vie spirituelle ; elle lui inculque le sens du devoir, l’oubli de soi et l’austérité. Simone apprend d’elle « à s’effacer, à contrôler son langage, à censurer ses désirs, à dire et à faire exactement ce qui devait être dit ou fait » (Mémoires d’une jeune fille rangée. Page 57).
Tout compte fait, dernier ouvrage autobiographique de Simone de Beauvoir (1908-1986) se termine par ces lignes : « Je n’ai pas été une virtuose de l’écriture(…) mais tel n’était pas mon dessein. Je voulais me faire exister pour les autres, en leur communiquant de la manière la plus directe, le goût de ma propre vie ». Le but de Simone de Beauvoir n’était pas d’être primée, adulée pour ses livres, mais pour sa vie et ce qu’elle a représentée.
Lorsqu’elle publie en 1958 son premier livre autobiographique : Les mémoires d’une jeune fille rangée, c’est déjà un « écrivain célèbre » - comme elle déclarait vouloir l’être, dès l’âge de quinze ans – après le Deuxième sexe en 1947 et son roman Les Mandarins en 1954 qui lui a valu le prix Goncourt. Les Mémoires d’une jeune fille rangée sont le récit de son enfance et de son adolescence jusqu’à son succès à l’agrégation de philosophie en 1929, récit essentiel pour connaître et comprendre ce qu’a été la vie de Simone de Beauvoir.
Dans les volumes suivants, il s’agit moins d’autobiographies que de mémoires en forme de chroniques : La Force de l’âge (1960) décrit les années 1930, durant lesquelles Simone de Beauvoir et Jean Paul Sartre, encore inconnus, sont animés d’une ardeur