Ayant identifié en Gilbert Sinoué, comme beaucoup d’autres avant moi, un auteur de talent, c’est avec des attentes exigeantes que j’ai ouvert «L’enfant de Bruges», et je vous avoue que celles-ci n’ont pas été déçues. Je dirais même que c’est dans le récit historique que l’auteur atteint toute sa dimension. Gilbert Sinoué nous présente une magnifique fresque historique du XVe siècle, gravitant autour de deux hauts lieux des arts picturaux de l’époque : la Flandre et Florence de la renaissance italienne. Les détails nombreux et précis nous entraînent au cœur de la vie des peintres et de la population de l’époque, avec un réalisme impressionnant : on évolue à travers les différents lieux avec les personnages comme si on y était soi-même. Tout en me divertissant, j’ai aussi beaucoup appris, surtout sur cette Flandre du XVe que je méconnais. L’intrigue, des plus captivantes, tient le lecteur en haleine de bout en bout, et ravira même ceux qui ne sont pas particulièrement attirés pas le contexte historique d’une histoire : l’assassinat de trois jeunes gens, anciens apprentis de Van Eyck, retrouvés égorgés et affreusement mutilés avec dans la bouche de la terre de Vérone ; un complot ourdi par de puissants personnages prêts à tout pour arriver à leurs fins ; des espions à la solde des grandes puissances ; un enfant de 13 ans, Jan, détenteur d’un secret légué par son père adoptif Van Eyck, dont il n’a pas conscience, et qui pourrait bien lui coûter la vie. La personnalité des protagonistes est traitée avec beaucoup de soin et de minutie, et donne aux personnages une étonnante légitimité - attachants pour certains, antipathiques ou repoussants pour d’autres. Une atmosphère étrange, telle une chape de plomb baignée par la lumière du ciel chaotique flamand, plane au-dessus de notre héros tout au long de l’histoire, et ajoute au suspens une dimension surprenante. Un roman érudit, divertissant, didactique, agréable à lire, agrémenté d’une