Sloane2906
LE MONDE | 09.09.11
Washington Correspondante - Le marketing est un signe qui ne trompe pas. Dix ans après les attentats du 11 septembre 2001, on peut trouver à New York des petites tours jumelles en plastique rouge-blanc-bleu, répliques du World Trade Center. Des cravates et tee-shirts Gone but not forgotten ("disparus mais pas oubliés"). Et même un vin "cuvée du 11-Septembre", produit par une cave de Long Island. Avec tact, les fabricants de souvenirs signalent qu'un dixième (au moins) des recettes sera reversé au National September 11 Memorial, le monument aux lignes pures et aux 2 983 noms, qui doit être inauguré dimanche par George Bush et Barack Obama.
Une décennie a passé, les blessures sont moins à vif. Tout à sa mission de relancer l'emploi, Barack Obama a choisi de ne pas mettre en avant son administration dans les commémorations. La Maison Blanche a diffusé des consignes de discrétion. Elle entend rappeler qu'il ne s'agit pas seulement de l'Amérique, et que le terrorisme a frappé à Nairobi, Bali, Londres, Mumbai... Le président tient à éviter toute glorification déplacée des succès de l'antiterrorisme. Il sera toujours temps de rappeler l'élimination de Ben Laden au bon souvenir des Américains pendant la campagne électorale en 2012. Et ses compatriotes en ont beaucoup rabattu sur l'autosatisfaction : selon le Pew Research Center, 35 % d'entre eux pensent que s'il n'y a pas eu d'attentat sur le sol américain depuis dix ans, c'est davantage "par chance" que grâce à l'action du gouvernement.
Le marketing est discret mais le marché ne s'y trompe pas. Une époque s'achève, et 2001 commence à être loin. Matt Welch, le rédacteur en chef du magazine Reason, est retourné lire les journaux du 10 septembre, quand Facebook n'existait pas. Le grand sujet, c'était la plainte de la division antitrust du ministère de la justice contre Microsoft (pfff ! qui maintenant utilise encore Explorer ?). Le journaliste en a déduit