« La femme de mon mari », est le titre du livre écrit par deux anthropologues françaises, Sylvie Fainzang et Odile Journet, et dont le sujet est la polygamie. Leur enquête se déroule dans les années 80, et elle a été menée parmi des familles toucouleur et soninké au Sénégal (milieu rural et urbain), mais aussi dans le contexte d’immigration en France, notamment en région parisienne. Les deux auteurs voulaient que leur enquête se base sur une « approche de l’intérieur » de la polygamie, c’est ce qui fait l’originalité de cet ouvrage. Selon elles, les explications qui consistent à classer, les fondements de l’institution polygamique, en trois catégories (une explication politique, une explication économique, une explication d’ordre sexuel et reproductif), ne sont pas suffisantes. C’est pour cela, qu’elles vont dépasser ces « explications théoriques » et approfondir le sujet sur le terrain, afin d’apporter des témoignages significatifs et pertinents de femmes et hommes vivants dans l’institution polygamique. Ainsi, elles enquêteront une quarantaine de ménages au Sénégal: 15 en milieu rural et 25 en milieu urbain (entretiens uniques ou répétés selon les possibilités), et 25 familles Soninké et 8 familles Toucouleur en France. Beaucoup de questions ont guidé leur enquête, mais la plus importante est celle-ci « comment s’articulent reproduction biologique et reproduction des rapports sociaux de sexe dans ce contexte ? », car elle est au cœur du travail que veulent mener ces auteurs, c'est-à-dire faire une étude qui parle enfin de « la vie des femmes dans le contexte du mariage polygamique ». Grâce à leur travail d’enquête sur le terrain, elles arriveront à la conclusion suivante : « les coépouses vivent en situation de rivalité permanente », mais cette rivalité se base-t-elle sur les même critères selon le pays où elle est pratiquée le mariage polygamique ?
Afin de répondre à cette question, nous verrons, dans un premier temps, la pratique de la polygamie au Sénégal ;