Sociologie de l'education
Nathalie
Bulle (2005),
« Education »
in
R.Boudon,
M.Cherkaoui, B.Valade (dir.), Dictionnaire de la pensée sociologique, Paris, PUF : 213-217.
SOCIOLOGIE DE L’EDUCATION
Les prémices intellectuelles
Le
vaste
mouvement
de
modernisation
des
sociétés
occidentales qui s’est poursuivi au cours du XXe siècle, avec ses développements scientifiques, économiques et sociaux, a créé de nouveaux besoins et offert de nouveaux potentiels humains d’éducation. C’est autour des problèmes liés à l’expansion scolaire et aux inégalités sociales devant l’école que s’est structurée la sociologie de l’éducation contemporaine. Mais ses prémices intellectuelles s’enracinent dans des interrogations plus anciennes sur les fondements de l’ordre social au regard de l’évolution des sociétés sur le long terme. La question de la signification de cette évolution à l’échelle de l’histoire des sociétés humaines a fait l’objet des premières réflexions proprement sociologiques sur l’éducation. Cette question a été suscitée tant par le besoin de réorganisation sociale dans la période postrévolutionnaire que par l’entrée dans l’ère industrielle. A ce sujet, parmi les grands penseurs du XIXe siècle, ni Marx, ni Spencer n’ont accordé un rôle premier à l’éducation formelle. Dans l’esprit même du projet des sciences sociales au XIXe siècle tel qu’il s’exprime en tout premier lieu dans la perspective comtiste, il s’agit, selon la formule mise en exergue par Lucien Lévy-Bruhl, non pas d’expliquer l’humanité par l’homme, mais au contraire, l’homme par l’humanité. Les doctrines sociales alors développées tenaient les changements majeurs des conditions de la vie sociale pour les ressorts 2
fondamentaux évolutionniste
du de
devenir Spencer
humain.
Suivant
la
théorie le
d’inspiration
lamarckienne,
développement de l’homme dépend d’un long processus d’adaptation par interaction avec l’environnement. Il est