Sociologie de l art
Par Nathalie HEINICH
Tiré de l’Encyclopaedia Universalis
Selon une recherche menée en Italie à la fin des années 1990, seule 0,5% de la production sociologique relèverait de la sociologie de l'art. Mais les bornes de ce domaine sont difficiles à définir, en raison de sa proximité, d'une part, avec les disciplines prenant traditionnellement en charge son objet (histoire de l'art, critique, esthétique) et, d'autre part, avec les sciences humaines et sociales proches de la sociologie (histoire, anthropologie, psychologie, économie, droit). Aussi une enquête élargie à ces disciplines donnerait-elle probablement davantage de poids à la sociologie de l'art, appellation revendiquée bien au-delà de la sociologie proprement dite.
Il n'est guère de domaine de la sociologie où coexistent autant de générations intellectuelles, et des critères d'exigence aussi hétérogènes. Mais si la sociologie de l'art pâtit à la fois de sa jeunesse relative et de la multiplicité de ses acceptions, elle n'en engage pas moins des enjeux fondamentaux.
Qui sont les sociologues de l'art ?
Les sociologues de l'art se trouvent d'abord à l'université, leur plus ancienne localisation. Paradoxalement, c'est moins en sociologie qu'on les rencontre qu'en histoire de l'art ou en littérature : il s'agit d'une sociologie de commentaire, souvent centrée sur les œuvres, en lien étroit avec l'histoire, l'esthétique, la philosophie, voire la critique d'art. Très différente est la sociologie de l'art pratiquée depuis une génération dans les institutions d'enquête, tels les services d'études des administrations. La méthode y est essentiellement statistique, et les œuvres y sont beaucoup moins étudiées que les publics, les institutions, les financements, les marchés, les producteurs. Un troisième lieu enfin est celui des institutions de recherche (C.N.R.S. et École des hautes études en sciences sociales en France, instituts ou fondations à l'étranger), où s'élabore une production