Les institutions sociales
Introduction
C’est par le truchement de L’enfant sauvage que nous avons réalisé la dette immense que nous avons contractée à l’égard de la société. À la suite de Malson, nous pouvons affirmer que, «sans la rencontre de l’autre, nous ne sommes que des virtualités aussi légères qu’une transparente vapeur». Nus devant notre vérité, nous avons ensuite découvert ce qui nous fait passer de la nature à la culture : le symbolique. Toute culture, pour le dire avec les mots Lévi-Strauss, peut être considérée comme un ensemble de systèmes symboliques au premier rang desquels se placent le langage, les règles matrimoniales, les rapports économiques, l'art, la science, la religion. Tous ces systèmes visent à exprimer certains aspects de la réalité physique et de la réalité sociale, et plus encore, les relations que ces deux types de réalité entretiennent entre eux et que les systèmes symboliques eux-mêmes entretiennent les uns avec les autres». Ces systèmes de sens sont autant d’institutions par lesquelles la société assure sa pérennité. L’homme peut donc, comme nous venons de le voir, créer un objet tangible (le porte-craie), mais il peut aussi se doter de normes qui balisent ses actions et ses interactions sociales.
L’ambition sociologique réside, nous le pressentons, dans la compréhension du fonctionnement des institutions. Émile Durkheim, en 1894, ira même jusqu’à soutenir que «la sociologie peut être définie comme la science des institutions, de leur genèse et de leur fonctionnement». Avant de nous plonger tête baissée dans les différentes théories sociologiques, nous devons nous assurer, préalablement, que nous maîtrisons la signification sociologique de l'institution.
L’autopsie sémantique de l’institution
«Les bonnes institutions sociales sont celles qui savent le mieux dénaturer l’homme, lui ôter son existence absolue pour lui en donner une relative, et transposer le moi dans l’unité commune; en sorte que chaque particulier ne se