Solidarité familiale
La canicule meurtrière de l’été 2003 a été l’occasion pour les journalistes et les hommes politiques de déplorer le déclin de la solidarité familiale. Néanmoins, ils n’en ont pas toujours précisé les contours, notamment ses manifestations désirables, ses bénéficiaires possibles et ses sanctions diverses. Cette imprécision ne permet pas à la population de savoir à coup sûr quelles pratiques sociales en relèvent certainement.
Dans le même ordre d’idées, dans un arrêté présidentiel publié au Journal Officiel, on a pu lire : « est nommé à l’état-major particulier du Président de la République à compter du 1er juillet 2002 : M. le colonel, troupe de marine, Bruno Clément-Bollée, en remplacement de M. le général de brigade Henry Clément-Bollée ». La question alors venue à l’esprit a été celle de savoir si en l’occurrence un fils réglait ses pas sur ceux de son père bienveillant. À supposer que oui, fallait-il s’émouvoir du remplacement d’un père ou d’un oncle solidaire par son fils ou son neveu dans la haute fonction publique ?
D’ailleurs, est-il davantage supportable qu’à l’inverse une personne ne puisse pas prétendre à un avantage à cause de son lien de famille ? Par exemple, il a été reproché au fils d’Alain Juppé d’avoir bénéficié d’un appartement dans les HLM de Paris, ville dont son père était l’un des dirigeants. Or, ces habitations existent bel et bien pour être occupées… Par exemple encore, très nombreux sont les spécialistes qui reconnaissent à Mme Claude Chirac une habilité politique hors du commun. Dès lors, son père pourrait-il la nommer ministre de la République, ou ce dernier doit-il être considéré comme ayant déjà pratiqué la politique pour les générations suivantes de sa famille ? En fait, les gouvernants se censurent souvent à cet égard. Mais l’on ignore s’ils le font alors seulement pour se conformer aux lois et règlements. Au fond, le droit penche-t-il pour une semblable autocensure parentale ou plutôt pour le favoritisme familial