Sommes nous responsables de nos désirs ?
Le désir peut se définir comme une tendance consciente dirigée vers une fin connue ou imaginée, vers quelque chose que l’on juge agréable. Les désirs peuvent ainsi être constitués de biens matériels, de personnes ou même de choses immatérielles, comme la gloire, la puissance, la richesse, la beauté…etc.
D’emblée, ils sont souvent associés aux manques. Ainsi on recherche en quelque sorte la disparition de la privation de leurs objets.
A première vue, on pourrait s’accorder sur le fait que nos désirs ne concernent en rien les autres. Lorsqu’un individu désire, c’est lui seul qui désire et nul autre. On peut donc affirmer que nos désirs nous appartiennent.
Or, il est dit que tout ce qui nous appartient nous en rend garant. « Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé » (Saint Exupéry).
Spontanément, on constate ici que nous sommes responsables de nos désirs dans la mesure où ce sont les notre.
Même si nos désirs semblent nous appartenir, leur origine reste souvent méconnue. Ainsi, l’appétit semble souvent naître de lui même, car il porterait vers le plaisir, ou simplement vers quelque chose d’utile.
L’origine du désir amoureux est par exemple difficile a définir. On croit désirer une personne pour certaines qualités que l’on apprécie, mais parfois un sentiment amoureux naît en nous, grandit et reste inexplicable.
D’après Spinoza (dans l’Ethique), « ce qui fonde l’effort, le vouloir, l’appétit, le désir, ce n ‘est pas que nous jugeons qu’une chose est bonne ; mais, au contraire, on juge qu’une chose est bonne parcequ’on y tend par l ‘effort, le vouloir, l’appétit, le désir. »
L’objet du désir ne serait donc pas, d’après cette thèse, convoité pour de quelconques qualités mais à l’inverse, c’est le désir qui conditionnerait ces qualités.
On se demande donc quelles peuvent être les véritables causes du désir si elles ne résident pas en les vertus de leurs objets.
René Girard