Sonnet pour helene
Sonnet pour Helene
Pierre de Ronsard
Sonnet pour Hélène
Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,
Assise auprès du feu, dévidant et filant,
Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant :
« Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle ! »
Lors, vous n'aurez servante oyant telle nouvelle,
Déjà sous le labeur à demi sommeillant,
Qui au bruit de Ronsard ne s'aille réveillant,
Bénissant votre nom de louange immortelle
Je serais sous la terre, et, fantôme sans os,
Par les ombres myrteux je prendrai mon repos ;
Vous serez au foyer une vieille accroupie,
Regrettant mon amour et votre fier dédain.
Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain :
Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie.
Ce sonnet écrit par Pierre de Ronsard en 1578 a été dressé à Hélène de Suggère, fille d’honneur de Catherine de Médicis. Dans ce sonnet le poète ne cherche pas de célébrer cette femme mais de lui renvoyer une image peu flatteuse d’elle-même. Sa beauté apparaît seulement à l’imparfait ceux qui nous montre que sa beauté est passée : «…du temps que j'étais belle ». Dans le même vers, au temps de sa vieillesse, Ronsard préfère à lui rappeler des souvenir mélancoliques : « Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle ! ». Il se fait plaisir de lui rappeler sa vieillesse : «Quand vous serez bien vieille ». À la fin du premier vers les groups de mots ‘‘au soir’’ et ‘‘à la chandelle’’ sont données pour pouvoir imaginer la scène. Dans cette image l’heure choisie est en accord avec l’âge et la chandelle ce qui rappelle la situation matérielle d’Hélène, car l’éclairage était réservé aux riches du XVIème siècle. Le poète a soins de ne pas se mettre en scène au moment de sa vieillesse car il serra bien mort, mais il continuera à vivre dans les mémoires des autres. Chaque personne sur terre va se souvenir de lui et Hélène aussi. Les servantes aussi se souviendront de Ronsard. Le poète