"Sonnet viii" de louise labé (commentaire)
I – La forme du sonnet : un mouvement adapté au thème de la passion amoureuse
De par sa forme, le sonnet impose une progression particulière. En effet, les deux quatrains, en théorie, doivent trancher avec le contenu des deux tercets, lesquels marquent une rupture, un changement par rapport à ce qui a été énoncé précédemment. Le sonnet VIII ne déroge pas à la règle puisque les quatrains évoquent les turbulences que la poétesse endure tandis que les tercets traduisent un constat sur l’incapacité à gérer les tourments de l’Amour. Mais ce qui frappe également le lecteur, c’est l’incessant mouvement des humeurs, lequel s’incarne dans l’écriture même, comme en témoignent les articulateurs de discours présents aux vers 5, 9 et 12 (« Tout à un coup » ; « Ainsi » ; « Puis quand… »). Ces expressions, conjuguées à l’emploi du présent de l’indicatif et aux nombreux verbes d’action, sollicitent le lecteur, lequel est aspiré dans le tourbillon des tourments d’une femme sans cesse déstabilisée. Ce style vif et rapide (vers 1) joue avec les contrastes et imprime au poème un mouvement binaire qui s’incarne aussi bien dans la macrostructure (le poème et ses effets de balancement crées par les strophes) que dans les microstructures (les vers eux-mêmes, le vers 1 étant un exemple édifiant de binarité). De plus, en employant le présent et en utilisant la figure de