OMAHA

Cela faisait des heures qu’il se tournait et se retournait dans son lit, cherchant la bonne position qui comme par miracle lui aurait fait trouver le sommeil. Puis, allongé sur le dos, Henry ouvrit grands ses yeux. L’univers de sa chambre était si sombre que sa première pensée fût : «Je suis aveugle… !.. ».

«C’est ce que doivent ressentir les non-voyants, se dit-il, quand ils se préparent, chaque jour, derrière le rideau fermé des paupières, au choc de la vision d’un paysage matinal merveilleux. Mais à chaque fois leur déception est totale. Le noir envahi l’espace et à chaque réveil la chute n’en est que plus dure et le noir plus intense! ».

Machinalement sa main tâta le matelas sur sa gauche. Rien. Il avait beaucoup de mal à se faire à l’idée de ce vide à ses côtés. Déjà deux mois « qu’Elle » était partie. Le cancer avait été plus fort que son amour. Comment lutter quand on ne connaît pas les règles, quand on n’a pas les armes ? Pourquoi est-elle partie avant lui ? Ce n’était pas juste. Il renonça tout à fait au sommeil et décida d’aller dans la cuisine pour se verser un verre d’eau.

Il s’assit au bord du lit, cherchant ses chaussons à tâtons. L’habitude lui fit trouver l’interrupteur de sa lampe de chevet et une chaude clarté envahit la pièce. D’un pas mal assuré il progressa dans le couloir faisant une halte aux toilettes. La carafe d’eau était sur la table de la cuisine ; il remplit un verre à demi et s’assit sur un tabouret. La première gorgée le réveilla tout à fait.

Il ne pourrait plus continuer longtemps comme ça. Dés qu’il cessait d’être occupé, des pensées destructrices prenaient possession de son cerveau. Lilly ; le jour où il l’avait rencontré avait été pour lui une deuxième naissance. Elle l’avait tiré des griffes de la mort. Elle au moins avait réussit cela ! Son côté positif, sa joie communicative, son entregent, l’avaient complètement transformé. Qu’elle femme merveilleuse ! Comment avait-elle pu s’intéresser à un gars comme