SPINOZA LETTRE PROPRE
Il faut distinguer au sein de la nature les êtres inanimés et les êtres vivants et parmi les êtres vivants, ceux qui sont doués de conscience - les êtres humains, et ceux qui ne le sont pas. L’expérience nous montre que les êtres inanimés sont déterminés par des Lois, par exemple les Lois de la gravitation universelle de Newton. Parmi les êtres vivants, certains sont déterminés par l’instinct - le tigre, par exemple, ne peut pas s’empêcher d’être un « prédateur », d’autres par la raison. En ce qui concerne les êtres déterminés par la raison, l’expérience ne peut pas prouver que tout en eux est déterminé et qu’ils ne peuvent pas choisir librement. On ne peut donc ni démontrer, ni infirmer l’existence de la liberté. Nous pouvons seulement apprendre à nous servir de notre raison pour connaître les causes qui nous font agir et nous déterminer par des causes conscientes et non par des causes inconscientes.
Il s’agit bien là d’un préjugé inné : c’est une illusion inévitable… Nous sommes tous placés, sans le savoir dans la même situation que cette pierre qui est lancée. Ce que veut montrer Spinoza, c’est que les hommes ont une position contradictoire, ils soutiennent en même temps deux idées qui sont logiquement incompatibles. Ils disent que dans la nature tout est déterminé par des causes (en quoi ils ont raison), et que l’homme est libre (n’est déterminé par rien). Ce que montre l’exemple de la pierre, c’est que si on admettait un instant que l’homme puisse ne pas être libre, une conséquence nécessaire de cette hypothèse serait qu'il ne pourrait jamais s’en rendre compte. Pour Spinoza, le sentiment que