Spinoza traité théologique
421 mots
2 pages
Ce qui est implicite dans la première partie, c'est que les hommes ressentent en général les lois comme des obstacles et rêvent d'une vie sans entrave et sans contrainte. Cet idéal serait réalisable si les hommes étaient capables de suivre la voix de la raison. L'homme est, on le sait, un être doué de raison mais ce n'est pas là sa seule spécificité, il est également un être de désir. Il y a donc une dualité en l'homme et une relation conflictuelle entre les désirs et la raison. Il est à noter que Spinoza emploie l'expression « vraie raison » et on peut s'interroger sur la fonction d'une telle précision. La raison peut en effet se définir comme la faculté qui permet de penser et d'agir selon des critères susceptibles d'être reconnus par tous. Elle indique le chemin à suivre, nous dit ce que nous devons faire. Que veut dire Spinoza lorsqu'il parle de « vraie raison » ? C'est précisément parce que l'homme n'est pas pure raison que celle-ci peut être obscurcie ou détournée de sa fonction première : le passionné par exemple, verra ses jugements faussés par le manque d'objectivité ou il justifiera ses écarts par des arguments prétendument rationnels afin d'avoir de « bonnes raisons » d'agir comme il le fait. Pour jouer correctement son rôle la raison ne doit pas se laisser envahir par la dimension affective de l'individu. Etre raisonnable, c'est savoir garder la tête froide, être capable de résister à nos tendances spontanées, contrôler nos désirs... Si donc les hommes étaient capables de ne désirer que ce que la raison désigne comme véritablement utile, les lois seraient superflues.
Mais cela ne veut pas dire pour autant qu'ils n'auraient besoin d'aucun guide : l'enseignement moral resterait nécessaire pour qu'ils sachent comment ils doivent agir, pour qu'ils apprennent à utiliser leur raison à bon escient. La raison ne porte en elle aucune connaissance ; elle est seulement un « outil ». L'enseignement moral aurait donc pour fonction de fournir un contenu sur lequel