Spinoza
Il n'y a donc pas de liberté dans la nature. Toutefois, poursuit Spinoza, si elle pouvait penser, cette pierre se croirait « libre et ne persévérer dans son mouvement que par la seule raison qu'elle le désire ». Or « telle est cette liberté humaine que tous les hommes se vantent d'avoir et qui consiste en cela seul que les hommes sont conscients de leurs désirs et ignorants des causes qui les déterminent » (Ibid.). Le libre arbitre n'est donc qu'une illusion favorisée par notre ignorance de ce qui détermine nos actions : l'homme est une partie de la nature, et non pas « un empire dans un empire » (Éthique, Livre III, préface) et il n'agit donc pas plus librement que cette pierre s'imaginant douée du pouvoir de déterminer par elle-même son mouvement.
L'origine de cette illusion est à rechercher dans le clivage imaginé par l'homme entre l'âme et le corps : il s'imagine en effet que le corps soumis au mécanisme (cf. Descartes et sa théorie des animaux-machines) tandis que l'âme (et plus particulièrement la volonté) serait un principe de liberté capable de