Sport et dopage : perversion marchande ou reve de surhumanite ?
Le sport est aujourd’hui « un élément essentiel du monde contemporain », aussi bien « en tant que pratique physique qu’en tant que spectacle médiatique (1) ». Nous sommes désormais nombreux à revêtir plus ou moins régulièrement des survêtements pour courir, jouer au tennis ou disputer une partie de football, ainsi qu’à passer du temps devant nos télévisions pour admirer les exploits des anciens « dieux du stade » devenus « dieux de l’écran ». Pour expliquer ce fait de société, les sociologues proposent deux modèles d’interprétation différents.
Le premier établit une relation directe entre le succès du sport et l’hégémonie du libéralisme économique. D’abord parce que le sport est devenu un marché qui met en jeu de gros intérêts financiers et représente environ 3 % du commerce mondial. Ensuite, parce qu’il partage avec l’idéologie libérale le culte de la performance, il est le « reflet culturel de nos sociétés compétitives (2) ». La célèbre formule « Que le meilleur gagne ! » concerne aujourd’hui autant les entreprises que les stades.
Mais les mêmes sociologues situent aussi le succès du sport dans un autre registre, quasi métaphysique : « La recherche du vertige, du dépassement de soi, de ses limites, des limites des autres pour atteindre une sorte d’éternité (3) » est au cœur de la motivation de nombreux sportifs, professionnels ou amateurs, comme de ceux qui les admirent. Le sport répond aux besoins de nombreux individus de « donner sens à leur existence ».
Pour tenter d’articuler ces deux interprétations, il est intéressant d’écouter ce que les sociologues nous disent d’une pratique qui fait aujourd’hui l’objet de vifs