Il n’aime pas baiser, il n’aime pas les pigeons non plus, c’est tout bleu et c’est bourré de maladie. Il est comme une enveloppe vide, pas affranchi mais un peu timbré quand même. Esclave des autres il ne peut se remplir que de leurs expériences. C’est un menteur congénital, la preuve puisqu’il écrit, c’est qu’il n’a rien à dire. Sous les brumes gazeuses de la bière, il rend son cerveau inactif. Il doit pourtant faire une photographie importante aujourd’hui, ça parle de lui, normal il est artiste. Il observe deux types qui se trouvent devant lui, sous le reflet d’un café rouge, dans une vitrine, au dessus d’eux, qui se reflète aussi sur le trottoir humide. Il voit au fond de cette scène le Nirvana, bar mafieux qui promet monts et merveilles, le nirvana quoi. Il est au Vig, traduction : la gaieté. C’est un endroit assez froid. Un mec engueule sa nana, dans, devant et sous le café rouge. Il ne pense pas qu’il va intervenir, de tout façon avec cette putain de vitrine, il n’arrive même pas à les situer. Il sent un danger imminent, pendant que l’Admiral l’invite à dépenser son fric vingt quatre sur vingt quatre. Un groupe sort du théâtre d’à coté rejoue les scènes qu’ils viennent de voir. Il ne comprend rien de ce qu’ils disent. Il en a assez de décrire tout ce qu’il voit, en plus il a une photo importante à faire aujourd’hui, il n’a pas que ça à foutre. Il sort dans la rue, désabusée elle aussi. Il marche, il faut qu’il trouve une idée. Il part dans un endroit louche. Il sait qu’il va y cueillir les emmerdes qui vont l’aider. L’esprit vaporeux lui suggère de rentrer, mais ce ne sont que des vapeurs ponctuées d’envie. Il part observer des mecs qui vont voir des nanas. Il aura toujours quelque chose à en tirer et eux aussi. Il part au Nirvana, se plante à une table, un mec vient le voir en oubliant de le prévenir qu’il va dépenser plus qu’il ne le peut, de toute façon il le sait. Il regarde, il pioche et il boit, un poker de la vie et son jeu n’est