stage
Sept ans après… roman Première partie
A rooftop in Brooklyn
« Pour rouler au hasard, il faut être seul.
Dès qu’on est deux, on va toujours quelque part. »
Alfred HITCHCOCK, Vertigo
1
Pelotonnée sous sa couette, Camille observait du fond de son lit le merle posé sur le rebord de la fenêtre. Le vent d’automne bruissait à travers la vitre, le soleil jouait entre les feuillages, projetant ses reflets mordorés sur les parois de la verrière. S’il avait plu toute la nuit, le ciel brillait à présent d’un bleu limpide qui annonçait une belle journée d’octobre.
Couché au pied du lit, un golden retriever à poil crème leva la tête en pointant le bout de sa truffe. – Viens, mon Buck, viens, mon beau ! l’invita Camille en tapotant son oreiller.
Le chien ne se le fit pas répéter. D’un bond, il rejoignit sa maîtresse pour recevoir son lot de câlineries matinales. L’adolescente le cajola, caressant la tête ronde et les oreilles tombantes de l’animal avant de se faire violence :
Secoue-toi, ma vieille !
Elle s’extirpa à regret des profondeurs tièdes de son lit. En deux temps, trois mouvements, elle enfila un survêtement, chaussa ses baskets, noua en un chignon lâche ses cheveux blonds.
– Allez, Buck, bouge-toi, mon gros, on va courir ! lança-t-elle en s’engageant à toute allure dans l’escalier qui menait au salon.
Organisés autour d’un vaste atrium, les trois étages de la maison baignaient dans la lumière naturelle. L’élégante townhouse en pierre brune appartenait à la famille Larabee depuis trois générations. C’était un triplex à l’intérieur moderne et dépouillé, aux pièces largement ouvertes, aux murs ornés de peintures des années 1920 signées Marc Chagall, Tamara de Lempicka et Georges Braque.
Malgré les toiles, le côté minimaliste de la décoration rappelait davantage les résidences de Soho et de TriBeCa que celles du très conservateur Upper East Side.
– Papa ? Tu es là ? demanda Camille en arrivant dans la cuisine.