Stendhal
Une impie étrangère Assise, hélas ! au trône de tes rois ? TOUT LE CHŒUR Sion, chère Sion, que dis-tu quand tu vois
Une impie étrangère Assise, hélas ! au trône de tes rois ? LA MÊME VOIX continue. Au lieu des cantiques charmants Où David t'exprimait ses saints ravissements, Et bénissait son Dieu, son Seigneur et son père, Sion, chère Sion, que dis-tu quand tu vois Louer le dieu de l'impie étrangère, Et blasphémer le nom qu'ont adoré tes rois ? UNE VOIX, seule. Combien de temps, Seigneur, combien de temps encore Verrons-nous contre toi les méchants s'élever ? Jusque dans ton saint temple ils viennent te braver. Ils traitent d'insensé le peuple qui t'adore. Combien de temps, Seigneur, combien de temps encore Verrons-nous contre toi les méchants s'élever ? UNE AUTRE Que vous sert, disent-ils, cette vertu sauvage ? De tant de plaisirs si doux pourquoi fuyez-vous l’usage ? Votre Dieu ne fait rien pour vous.
UNE AUTRE Rions, chantons, dit cette troupe impie : De fleurs en fleurs, de plaisirs en plaisirs,
Promenons nos désirs. Sur l'avenir insensé qui se fie. De nos ans passagers le nombre est incertain : Hâtons-nous aujourd'hui de jouir de la vie ; Qui sait si nous serons demain ? TOUT LE CHŒUR Qu'ils pleurent, ô mon Dieu, qu'ils frémissent de crainte, Ces malheureux, qui de ta cité sainte Ne verront point l'éternelle splendeur. C'est à nous de chanter, nous à qui tu révèles
Tes clartés immortelles ; C'est à nous de chanter tes dons et ta grandeur. UNE VOIX, seule. De tous ces vains plaisirs où leur âme se plonge, Que leur restera-t-il ? Ce qui reste d'un songe Dont on a reconnu l'erreur. À leur réveil, ô réveil plein d'horreur ! Pendant que le pauvre à ta table Goûtera de ta paix la douceur