Stratégie et doctrine
LE RÔLE DE LA RÉFLEXION STRATÉGIQUE DANS LA DÉFENSE par le lieutenant-général K.R. Pennie
L
a réflexion stratégique est un défi pour toute organisation de défense, mais elle pose des problèmes particulièrement aigus au Canada. En fait, la mission des Forces canadiennes (FC), qui est de défendre le Canada et de contribuer à la paix et à la stabilité internationales, repose sur de bonnes évaluations stratégiques qui sont, elles, le fruit d’une réflexion stratégique solide. La situation géographique du Canada et le fait qu’il a de puissants alliés donnent au pays l’impression d’être plus ou moins protégé des menaces directes. Ces facteurs conditionnent aussi le public et le gouvernement canadiens à penser aux dépenses consacrées à la défense en termes discrétionnaires. Sans doute à cause de la taille assez modeste des FC, on a tendance à se concentrer sur les questions plutôt immédiates. Puisque chaque question du jour les accapare, les hauts dirigeants des FC ont peu de temps à consacrer à la réflexion stratégique ou à la planification à long terme. Cela était particulièrement évident lors des contrecoups de l’affaire de Somalie et des coupures budgétaires des années 1990. Le but de cet article est d’attirer l’attention sur certains progrès récents et d’illustrer à quel point il est nécessaire d’élever le niveau de la réflexion stratégique au Canada. Définir avec précision ce qu’est la réflexion stratégique est en soi difficile, mais c’est le mot « stratégique » qui pose le plus de problèmes. Pour plusieurs de nos alliés, le niveau stratégique de la guerre se place au plus haut niveau politique et militaire, celui qui implique des décisions de grande portée liées étroitement aux intérêts nationaux ou aux objectifs de la politique étrangère.
Automne 2001 q Diverses autorités définissent des niveaux de réflexion stratégique différents et