Stress et tms
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Pratiques « innovantes », accidents du travail et charge mentale : résultats de l’enquête française « Conditions de travail 1998 »[1].
Philippe Askenazya et Eve Carolib a philippe.askenazy@cepremap.ens.fr
CNRS et Cepremap (Centre d’Etude Prospective en Economie Mathématique et Appliquée), ENS 48 boulevard Jourdan 75014 Paris, France b eve.caroli@ens.fr Université d’Artois, LEA et Cepremap France Les entreprises, d’abord en Amérique du Nord puis en Europe, ont adopté des pratiques de travail qualifiées d’innovantes autour du développement de la rotation de postes, l’accent sur la qualité, la délégation d’autorité ou le juste-à-temps. Les travaux d’économie ont mis en évidence que ces changements organisationnels, notamment en complémentarité avec les technologies de l’information, se traduisaient par une réelle amélioration des performances des entreprises. Mais pour évaluer la performance globale de ces organisations, il convient également de cerner leurs conséquences potentielles sur la santé et la sécurité au travail. Or, les enquêtes européennes de la Fondation de Dublin[2] soulignent une dégradation des conditions de travail ressentie par les salariés européens notamment en France (charge mentale accrue, contraintes physiques généralisées, etc.) et la montée d’un sentiment global d’intensification du travail. À ce phénomène, qui pourrait simplement être lié à un biais déclaratif (relèvement de la norme sociale), s’ajoute une augmentation récente de la fréquence ou de la gravité des accidents du travail. Par exemple, en Belgique, bien que le taux d’accidents soit resté stable, le nombre de jours d’arrêt par millier d’heures de travail est passé de 0,74 en 1996 à 0,84 en 2000. Sur la même période, le nombre d’accidents en France dans le secteur privé a connu une croissance annuelle continue d’environ 3%, croissance qui dépasserait un simple effet de cycle de l’activité économique[3]. Depuis une