Strophes pour se souvenir
« Strophes pour se souvenir », de Louis Aragon
Missak Manouchian
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1. Présentation du contexte
Le 21 février 1944, vingt-trois membres des FTP-MOI (Francs Tireurs Partisans – Main-d’Oeuvre Immigrée), dirigés par le poète arménien Missak Manouchian, ont été fusillés. Peu avant, une affiche de propagande allemande, vite appelée « L’Affiche rouge », qui présentait odieusement les portraits de dix résistants de ce groupe, avait été placardée sur les murs des grandes villes de France. En 1955, l’écrivain Louis Aragon, militant du Parti communiste, leur rend hommage dans un poème, « Strophes pour se souvenir », écrit à l’occasion du baptême d’une rue « Groupe Manouchian » à Paris : « Onze ans déjà que cela passe vite onze ans » (v. 3)
2. Analyse du poème
Ce poème est composé de sept quintils en alexandrins à rimes croisées. A – Un hommage
* Ce poème ressemble à une épitaphe. Dans les 4 premiers quintils, le poète s’adresse directement à ces résistants : le « vous » est répété 6 fois ainsi que le « vos » : « vos armes », « vos noms », « vos photos », « vos derniers moments ». On y trouve l’éloge des résistants, qui sont présentés comme des hommes qui : - refusaient les honneurs : « Vous n’avez réclamé ni la gloire ni les larmes » (v.1) - ne craignaient pas le mort : « La mort n’éblouit pas les yeux des Partisans » (v.5) - se battaient pour leur terre d’adoption : « qui criaient la France en s’abattant » (v.35) - avaient du courage : « qui donnaient leur cœur » (v.32) (ici « cœur » a un sens multiple : amour/courage/vie)
La dernière strophe, où le « vous » a laissé la place au « ils », insiste sur les qualités et les valeurs de ces résistants, insistance mise en avant par l’anaphore « vingt et trois » (le « et » mis à la place du trait d’union montre leur fraternité) et les antithèses « étrangers »/ « frères », « vivre »/ « mourir »
*Les 12 vers en italique sont en fait une reprise