Les opinions (du latin opinio, action d’opiner) sont les idées qui les premières s’immiscent et se tiennent comme un acquis dans notre esprit. Pourtant, elles ne sont que rarement le reflet de la vérité et les considérer comme tel peut même s’avérer dangereux ; il est alors légitime de questionner le rapport qu’elles entretiennent avec la pensée. Suffit-il d’avoir des opinions pour penser ? Penser n’exige-t-il pas au contraire que nous sachions nous affranchir de l’emprise des opinions ? Pour le savoir nous commencerons par définir la nature même des opinions en confrontant leurs différentes origines, ce afin de pouvoir juger par la suite de leur compatibilité avec la pensée dont nous ferons l’étude. Enfin nous centrerons notre réflexion sur le sujet en nous demandant, « Puis-je penser par les opinions ? ».~Il est important, que nous nous employions dés maintenant à définir de manière qualitative la nature des opinions. Après-tout, se contenter d’un jugement hâtif et mal avisé à leur égard reviendrait à leur accorder notre confiance – puisque ce serait là s’en remettre aux opinions – ; chose dont, en toute objectivité, nous ne voulons pas pour l’instant. Intéressons-nous donc à leurs origines.De toute évidence, les sens sont la première source d’opinions pour l’homme. « Tout ce que j’ai reçu jusqu’à présent pour le plus vrai et assuré, je l’ai appris des sens » écrit Descartes dans sa Première méditation. Dés l’aube de l’existence de l’homme en tant que tel, les phénomènes naturels qu’il était encore incapable de rationaliser l’ont porté, en quête de sens, à émettre des opinions. La foudre par exemple : ce que l’on expliquera plus tard par une décharge électrostatique disruptive, la croyance primitive en a fait la manifestation d’une divinité grandiose : Zeus et Jupiter maîtres des dieux chez les grecs et les romains ou Thor l’invincible chez les scandinaves. Pour le philosophe allemand Adorno, les opinions offrent « des explications grâce auxquelles on peut