Suicide et psychologoe
Psychologie et politique
Traumatisme et guerres : le cas du suicide
« Je me le suis promis, s’ils m’enlèvent une jambe, je me fais sauter le caisson. Je ne veux pas marcher estropié en ce monde » dit Kropp, un des personnages d’A l’ouest rien de nouveau de Erich Maria Remarque. Kropp est un militaire allemand, et avec ses camarades, il a vécu la guerre comme un bouleversement total, la remise en cause de tout ce qu’il savait. Dans le roman de Remarque, la guerre détruit chez les jeunes soldats la frontière qu’ils établissent entre la vie et la mort ; et Kropp, victime de la remise en cause radicale de sa conception de la vie, envisage de mettre fin à ses jours s’il en réchappe handicapé. Presque un siècle plus tard, Leandro Azevedo, militaire professionnel envoyé en Bosnie et rentré chez lui depuis, parle de «s’arracher les nerfs du cou pour que tout s’arrête » et demande : « pourquoi ne nous flinguent-ils pas au retour ? ».
Le suicide, « meurtre de soi-même » peut, à première vue, apparaître uniquement comme un symptôme de maladie mentale. C'est pourtant un concept à la fois familier à l'individu normal et à la société, qui mérite d'être étudié sous un autre aspect que celui de la simple pathologie. Kropp comme Azevedo illustrent un fait majeur des séquelles psychologiques laissées par la guerre : au-delà de l’étiologie, au-delà des symptômes, c’est la vie qui est remise en cause chez un individu.
En 2012, la vague de suicides dans l'armée américaine (155 suicides sur les six premiers mois de l'année) a été fortement médiatisée, mettant en lumière le problème du suicide des militaires.
I- Guerre et vie militaire : facteurs de traumatisme et de déstabilisation
La guerre est pour l'homme une expérience radicale et source de