Suis-je le même en des temps différents ?
L’homme, dans son sens moderne, se considère comme étant libre : en effet, il se pense seul maître de sa vie qu’il oriente en fonction de ses choix personnels. Malgré ses choix, depuis son enfance et sa confrontation avec autrui, l’Homme a conscience de son « moi », et se reconnaît dans les étapes précédentes de sa vie. Car le « je » cultive le paradoxe de rester profondément le même dans un contexte de changement profond. Ainsi, le « moi » ne trouverait son identité que dans la continuité, où confronté aux autres conscience il serait la somme de nombreuses caractéristiques. Il n’en reste pas moins qu’en réalité, nous ne cessons de changer. L’expérience, nos actes et les choix qu’impose la vie à tout homme contribuent à la transformation du « moi », de la « défiguration de l’âme » Chrétienne à « l’identité de l’expérience » de David Hume. Ces mêmes évènements transforment notre apparence vis-à-vis d’autrui, qui ne nous reconnaît parfois plus. La conscience est condamnée à vivre dans le présent, bloqué entre le passé et le futur. L’Homme du futur est-il différent de l’Homme du passé ? L’enfant est-il différent de l’adolescent, puis de l’adulte qu’il sera ? La conscience est-elle condamnée à être transformée, n’ayant une identité propre qui ne serait qu’éphémère ? La vertu reste-t-elle le fruit d’un travail méthodique, si l’Homme est en réalité condamné à rester lui-même ? La question posé part du principe que « je » existe, selon le principe Cartésien qui voudrait l’existence de la conscience comme indubitable. Il s’agit donc de savoir si ce « moi » qui est la seule certitude concrète subit, à travers le temps et les époques, quelconques changements ou reste-t-il identique à ce qu’il était ? Moi, qui ne suis qu’une chose pensante, suis-je identique à ce que j’étais et ce que je serai ? Ma vie et mes actes transforment-ils ma conscience comme une multitude de traits s’accumulant sur une feuille ? En fait, la conscience