Suite directe d'un extrait de " le grand meaulnes"
725 mots
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Alors tout disparut… un visage, un sourire et tout le reste s’enfuit, le bois, la fête, les enfants et même moi, son ami François… Ne restait que sa douce voix, son regard d’azur et un prénom : « Yvonne ». Il restait là, au bord du chemin, tandis que dans la lumière du jour déclinante, la jeune fille n’était plus qu’un parfum. Son cœur battait la chamade, il n’entendait plus ni les promeneurs, ni les bateliers ; dans les bois qui l’entourait, c’était comme si tous les oiseaux s’étaient enfuis, comme si les arbres eux même retenaient leur respiration, pour qu’il puisse mieux se souvenir du sillage de sa voix. Mademoiselle Yvonne de Galais. Sa voix était chaude, évoquant le miel et le chocolat, le réconfort d’un feu de cheminée les jours de neige : en déclinant son nom déjà aimé, elle avait mis dans le « Mademoiselle » un je-ne-sais-quoi, juste ce qu’il fallait pour exprimer toute l’assurance et la confiance de son rang. Il restait là, immobile, comme perdu, tout à son émoi, tiraillé entre la joie de ce cours échange, la gène d’avoir osé l’impensable, la honte aussi, dans le froid qui commençait à se faire mordant en cette fin d’après-midi d’automne, la rouge lui montait aux joues, il avait alors la certitude absolue de sa propre imbécillité, et sa balourdise. A peine arrivait-il à se remémorer les paroles qu’il avait prononcées, qu’il était déjà, et le resterait longtemps, convaincu de n’avoir su dire que des inepties, persuadé d’avoir bafouillé des platitudes ; il était à cet instant certain que sa déjà très chère Yvonne n’avait rencontré qu’un idiot aux mains moites, sans charme, dénué de tout intérêt, sans esprit… il n’avait même pas réussi à lui dire son nom! Je m’approchais pour le rejoindre et c’est ainsi que je le trouvais : écarlate de confusion et de colère. Je lui demandais qui était la belle inconnue avec laquelle de loin je l’avais surpris, et c’est alors qu’il put soulager toutes ses émotions dans mon oreille compatissante. Nous nous