Suite maison letellier
Je ne voyais plus ! Je flottais en apesanteur dans un silence irréel, immatériel, terrifiant.
Debout dans ma barque, je m’affolais d’être seul dans un nouvel univers, un univers inconnu, sans fond, sans repère. Je demeurai immobile, atterré, perdu, les yeux grands ouverts, l’oreille aux aguets à l’affût du moindre bruit. Le moindre mouvement, le moindre son risquait de me faire tomber raide, d’effroi, de peur.
Mon imagination s’emballa…, et ce fut elle qui me fit perdre l’équilibre : déséquilibré par cette vision apocalyptique tout droit sortie de mon esprit, je tombai tète par dessus bord dans cette brume opaque, sans fin, sans fond, sans autre limite que …plouf ! ! !
Je me retrouvai le nez dans l’eau, brutalement stoppé par un sol vaseux et sablonneux. La brume terrifiante qui m’avait isolée, éloignée de tous repères, perdue au fin fond de mon imagination galopante se dissipa. Je réalisai soudain avec dépit et honte que contrairement à ce que j’avais craint, je n’étais pas perdu au milieu d’un univers inconnu, sans limite, mais que je m’étais tout simplement échoué au bord de la rivière, cette rivière sur laquelle je prenais plaisir à flâner, à rêvasser. Et que sans m’en rendre compte mon bateau était venu tranquillement s’échouer sur les bords de la rivière. Pendant que mon imagination m’entraînait dans les coins obscurs de mon