Sujet français blanc
Textes :
Texte A : MOLIERE, L'Avare, IV, 7 (1668).
Texte B : Alexandre DUMAS, Kean, 1 et 2 (1836).
Texte C : Jean GIRAUDOUX, La Folle de Chaillot, 1, extrait (pièce représentée en 1945).
Texte A : MOLIERE, L'Avare, IV, 7 (1668).
[Harpagon est un riche vieillard avare et tyrannique, qui tient enterrée dans son jardin une cassette remplie d'or. Il voudrait épouser la jeune Mariane qu'aime également son fils Cléante. Il vient de découvrir que sa cassette a été volée. Il ignore encore que c'est le valet La Flèche qui a fait le coup pour obliger le vieillard à renoncer à Mariane contre restitution de son argent. Harpagon est seul en scène.]
HARPAGON. (II crie au voleur dès le jardin, et vient sans chapeau.) Au voleur ! au voleur ! à l'assassin ! au meurtrier ! Justice, juste ciel ! Je suis perdu, je suis assassiné ! On m'a coupé la gorge, on m'a dérobé mon argent ! Qui peut-ce être ? Qu'est-il devenu ? où est-il ? Que ferai-je pour le trouver ? Où courir ? où ne pas courir ? N'est-il point là ? n'est-il point ici ? Qui est-ce ? Arrête ! (II se prend lui-même le bras.) Rends moi mon argent, coquin !. .. Ah ! c'est moi. Mon esprit est troublé, et j'ignore où je suis, qui je suis, et ce que je fais. Hélas ! mon pauvre argent, mon pauvre argent, mon cher ami, on m'a privé de toi ! et, puisque tu m'es enlevé, j'ai perdu mon support, ma consolation, ma joie; tout est fini pour moi, et je n'ai plus que faire au monde ! sans toi, il m'est impossible de vivre. C'en est fait, je n'en puis plus, je me meurs, je suis mort, je suis enterré ! N'y a-t-il personne qui veuille me ressusciter en me rendant mon cher argent, ou en m'apprenant qui l'a pris ? Euh ! que dites-vous ? Ce n'est personne. Il faut, qui que ce soit qui ait fait le coup, qu'avec beaucoup de soin on ait épié l'heure; et l'on a choisi justement le temps que je parlais à mon traître de fils. Sortons. Je veux aller quérir la justice et faire