Sujet à traiter
Microfinance
Microfinance et réduction de la pauvreté : la fin d’un mythe?
Solène Morvant-Roux, Chercheuse associée, laboratoire d’Économie de la firme et des institutions (Lefi), Université Lyon , solenmorvant@yahoo.fr ___________________
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eux ans après l’année internationale de la microfinance, parmi les concerts de louanges à ce secteur, rares sont les voix qui s’élèvent contre son hégémonie dans le domaine de l’aide au développement. Pourtant, des questions apparaissent çà et là sur l’impact réel de la microfinance… La parole à Solène Morvant, chercheuse.
L’intervention publique demeure indispensable au bon fonctionnement du système. Dans ce contexte, l’intervention publique a joué et doit encore jouer un rôle primordial dans l’essor de la microfinance en se positionnant comme le garant d’une certaine équité dans la lutte contre l’exclusion financière. Ainsi, dans de nombreux pays l’État appuyé par des organismes internationaux a incité à un certain rééquilibrage. La volonté de la microfinance de rompre avec la philosophie de l’aide au développement est donc restée limitée : les fonds extérieurs sont substantiels et jouent un rôle crucial puisque la construction d’une véritable intermédiation financière repose largement encore sur des initiatives et fonds publics. La Grameen Bank n’échappe pas à cette situation : entre et , les subventions cumulées ont atteint millions de dollars (en valeur de ), ce qui ferait de la Grameen le plus gros bénéficiaire de l’aide au développement. Évaluer l’apport réel de la microfinance : un exercice complexe et mal maîtrisé. En référence à la conception de Muhammad Yunus, le capitaliste bienveillant va théoriquement rencontrer des « pauvres entrepreneurs » : il suffirait donc de doter les pauvres en « capital » par le biais du microcrédit pour développer leur potentiel entrepreneurial et vaincre la pauvreté. Les attentes envers la microfinance sont alors immenses. Ces espoirs sont