Roxanne Gagné Bérubé
25 avril 2014

En quoi l’analyse proposée par Paola Tabet - dans « fertilité naturelle, reproduction forcée »- permet-elle de renverser le discours naturaliste sur l’oppression des femmes ?

Souvent, le biologique sert à expliquer la place des groupes minorisés dans l’espace sociale. Les femmes n’échappent pas aux personnes touchées par ces discours naturalisant qui sont notamment mis de l’avant en ethnologie afin « d’expliquer, voire de justifier, l’état de subordination des femmes [et] les inégalités entre les sexes (Tabet, 1985, p. 61).» Dans Fertilité naturelle, reproduction forcée, Paola Tabet dénonce cette tendance de l’ethnologie qui permet de fonder la domination masculine dans la nature en omettant de traiter du caractère historique et sociale de la reproduction. C’est ainsi qu’elle se propose de déconstruire le fondement même de l’argumentaire biologisant, c’est-à-dire en s’attaquant à la reproduction en présentant celle-ci comme un phénomène «entièrement sociale» et issu de rapports sociaux de sexes (Tabet, 1985, p.66). À ce propos, elle avance que c’est par une série d’interventions sociales- de la part de la classe des hommes sur celle des femmes - que la reproduction est effectué et non pas en lien avec une nature féminine procréatrice. Nous verrons d’abord comment elle se propose de déconstruire la naturalité de la reproduction en présentant l’espèce humaine comme peu fertile. Ensuite, nous verrons comment s’instaure les mécanismes de contrôle de la fertilité à des fins de procréation dans l’institution du mariage.

Pour commencer, l’analyse de l’anthropologue cible le caractère peu reproductif de la sexualité humaine (Tabet, 1985, p.68). Elle affirme cela en mettant de l’avant le caractère polymorphe de la sexualité qui ne tend pas naturellement vers le coït ni vers des relations exclusivement hétérosexuelle alors que, selon ses recherches, il faudrait multiplier les rapports sexuel coïtales «pour produire une