Sur quoi repose mon identité?
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La conscience est-elle une substance ?Contre l'indépendance de la conscience et du corps se sont élevés tous les matérialistes, à la suite de Gassendi, qui objectait déjà à Descartes: «Il vous faut prouver que ce corps grossier et pesant ne contribue en rien à votre pensée quoique néanmoins vous n'ayez jamais été sans lui... et partant que vous pensez indépendamment de lui» (Cinquièmes objections). La conscience est ainsi, selon lui, un effet étroitement dépendant du cerveau. Contre la permanence substantielle de la conscience se sont élevés tous les empiristes à la suite de Hume: «Il y a certains philosophes qui imaginent que nous avons à tout moment la conscience intime que nous appelons notre moi... Pour ma part, je ne peux me saisir, moi, en aucun moment sans une perception et je ne peux rien observer que la perception» (Traité de la nature humaine, I, 4, vi). La conscience ne me livre jamais un moi pur et nu, elle n'est qu'un faisceau d'impressions. Mais c'est surtout la conception phénoménologique de la conscience qui semble rompre définitivement avec la conception cartésienne d'une conscience-substance.Reprenant à son maître, le psychologue allemand Brentano, le concept d'intentionnalité, Husserl en fait la caractéristique essentielle de la conscience: «C'est l'intentionnalité qui caractérise la conscience au sens fort.» Par intentionnalité, il faut entendre «cette propriété qu'ont les vécus d'être conscience de quelque chose... Ainsi une perception est perception de, par exemple d'une chose, un jugement est jugement d'un état de choses: une évaluation, d'un état de valeur; un souhait porte sur un état de souhait, ainsi de suite» (Idées directrices pour une phénoménologie, I, 84). La conscience ainsi conçue n'est plus une chose permanente dans le temps, fermée sur elle-même et régie par le principe d'identité, mais toujours déjà une relation, ouverture à autre chose. Comme le commente Sartre: «La conscience et le monde sont donnés d'un coup». Ainsi, «la