Sur quoi se fonde la responsabilité morale
Etres responsable, c’est être en état de répondre. Mais répondre de quoi, et à qui, et pourquoi aurions-nous à répondre ? Devenir majeur, entrer dans la société civile, c’est être immédiatement posé comme « personne » par un réseau de responsabilités définies par la loi. Mais au-delà de ces obligations juridiques, dans quoi s’enracine notre responsabilité ?
NOS RESPONSABILITÉS POSITIVES
Les limites de nos responsabilités sont d’abord définies en dehors de nous, par le Droit : responsabilités civiles, par la quelle nous sommes tenus de réparer un dommage causé à autrui ; responsabilité pénale, par laquelle nous pouvons être punis pour des infractions aux lois.
La première nous engage vis-à-vis des autres personnes, la seconde vis-à-vis de la société. Si ces responsabilités concernent d’abord les juristes, elles n’en posent pas moins des problèmes philosophiques. Par exemple, l’évolution des sociétés modernes est marquée par des mouvements complexes qui tantôt semblent amoindrir, tantôt exacerber les responsabilités individuelles. L’extension des assurances (civiles, routière, sociale, professionnelle…) ne tend-elle pas à déresponsabiliser les individus quant aux conséquences matérielles de leurs actes ?
Inversement, certaines professions peuvent souffrir de l’extension de leur responsabilités. Jusqu’à quel point un médecin peut-il être tenu pour responsable d’une erreur ou d’une insuffisance de diagnostic ? Un homme politique, sur un dossier complexe ? Quant au droit pénal, il suppose que l’accusé, pour être puni, soit en possession de sa conscience et maître de sa volonté. Mais d’où vient ce libre arbitre, sans lequel il ne saurait y avoir de châtiment ?
LA RESPONSABILITÉ MORALE : UNE HISTOIRE TENEBREUSE ?
Pour Nietzsche, l’histoire de la responsabilité renvoie à l’histoire de l’humanité elle-même. Il y voit un long processus de dressage, par lequel, devenant calculable et prévisible, l’individu