études se sont penchées sur les réalités professionnelles d’une catégorie qui se dit oubliée de l’histoire, et qui pourtant préexistait à de nombreuses catégories de fonctionnaires. Que signifie aujourd’hui être directeur général des services communaux ? Quels sont le rôle et les dimensions de la fonction de l’héritier du secrétaire général de mairie ? Comment accède-t-on à cette fonction ? Quelles sont les caractéristiques sociales de cette population ? Comment se structure l’identité professionnelle de ses membres à partir de la grande diversité de trajectoires ? Peut-on développer un sentiment d’appartenance à une catégorie en l’absence de formation préparatoire à la fonction, donc de cadre identificatoire pré-construit ? Peut on repérer plusieurs formes professionnelles, notamment liées à la taille des collectivités ? Ce sont les questions auxquelles nous avons tenté de répondre à travers la rédaction d’une thèse1. A partir d’une démarche compréhensive replaçant la fonction de directeur général des services communaux dans un processus socio-historique, nous analyserons les caractéristiques sociales et professionnelles de cette catégorie à partir d’une étude de terrain. Nous rencontrerons ainsi les 43 directeurs généraux des services communaux d’un département du grand ouest, l’Ille et Vilaine. Du secrétaire-greffier au directeur général des services : une expression du « processus de civilisation à la française » Notre première démarche sera de saisir les dynamiques socio-historiques produisant le système administratif au sein duquel ce professionnel interagit dans le cadre de ses fonctions actuelles. Son intérêt sera de placer la fonction de directeur général dans une perspective non pas purement historienne, mais produite en référence à l’œuvre de Norbert Elias, replaçant la réflexion sociologique dans une approche historique envisagée sur le long terme. La France sera ainsi affectée par un long processus de centralisation, sans équivalent en Europe, qui à