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Lucius Cornelius Sylla et la crise de la république romaine

Devant la profonde transformation du monde romain au IIème siècle avant J.-C., les Gracques avaient développé un programme révolutionnaire dans le double but de répondre aux nouvelles attentes sociales et de les utiliser comme une arme politique pour leur propre ambition. Initialement, les conservateurs n’avaient réagi que pour éliminer physiquement les Gracques et leurs partisans, sans proposer d’alternatives au programme popularis.

Cet immobilisme des optimates contrastait fortement avec les mutations politiques, économiques, sociales et culturelles en cours. L’aristocratie sénatoriale semblait incapable de mettre en route les réformes susceptibles d’accompagner l'évolution de la république et l’émergence de nouvelles revendications des autres catégories sociales : terre pour les plus pauvres, citoyenneté romaine pour les élites des cités italiennes annexées par Rome et accroissement des droits civiques pour l’ordre des chevaliers.

Il fallut attendre Sylla et les années 82-79 pour voir un chef des optimates élaborer et appliquer un programme innovant pour défendre et adapter l’ordre républicain traditionnel. Lucius Cornelius Sulla était issu d’une famille patricienne prestigieuse mais sur le déclin. Combattant sous les ordres de Marius, le héros du parti des populares, il s'était distingué contre Jugurtha (ce fut d’ailleurs lui qui captura le roi numide) ainsi que contre les Cimbres et les Teutons. Revenu à Rome, il s'était marié à Caecilia Metella, de la puissante famille des Metelli. Élu consul en 88 avec leur appui, il était rapidement devenu la figure de proue des optimates.

La guerre civile et la victoire de Sylla

Dans un lourd climat de problèmes intérieurs et extérieurs, l’affrontement entre conservateurs et révolutionnaires menaçait de se ranimer. Alors que Sylla s’était vu confié la direction de l’armée devant aller combattre Mithridate, le roi du Pont qui menaçait