Symptôme : le désir compromis.
(Texte inédit)

Norbert Bon

Symptôme, étymologiquement, vient du grec sumptoma (συμπτωμα), ce qui tombe ensemble, ce qui co-incide selon l'étymologie latine. Et, en général, ça tombe mal puisque c'est un signe qui coïncide, de façon plus ou moins systématique, avec une lésion ou une maladie qu'il invite à rechercher, explorer, diagnostiquer. Traditionnellement du moins, car il s'opère, aujourd'hui, subrepticement, un glissement dont voici un exemple parmi d'autres : un de mes amis qui passait un "bilan de santé", s'est entendu dire qu'il avait un cholestérol un peu élevé, c'est-à-dire s'écartant quelque peu des normes édictées par la médecine préventive. "Oui, je vois, à-t-il déclaré au médecin, il y a déjà quelque temps que je me dis que je vais me remettre à faire du sport et surveiller plus mon alimentation." Et, à sa grande surprise, il entend le médecin lui répondre : "Mais non, vous n'allez pas vous casser la tête à faire un régime. Pour le cholestérol, il suffit de prendre chaque jour un comprimé de Lipanthil et puis voilà." Voilà ! Ce modèle, pragmatique, qui consiste à considérer le symptôme[1] comme étant la maladie et pour laquelle il existe un médicament spécifique, est en train de se généraliser aux symptômes psychopathologiques, pour le plus grand bonheur des laboratoires pharmaceutiques, qui ne cessent de marteler aux médecins (dont ils sont une des sources principales de formation continue), que la dépression est une maladie, une maladie comme les autres qui se soigne comme les autres, avec un molécule chimique spécifique[2]. Idem pour l'instabilité chez l'enfant, rebaptisée hyperactivité, supposée liée à un trouble neurologique et traitée par un psychostimulant notoire. Ainsi, on substitue les tocs, catalogue d'obsessions de toutes sortes, à la névrose obsessionnelle avec ce qu'elle implique quant à son organisation, sa dynamique et son rapport au désir. De même, on démantèle l'hystérie sous des termes comme